Dans ce premier post d'une série de 3 articles, on va tenter de résumer ce qu'est la parentalité et son évolution, pour, dans le prochain article, comprendre comment le coaching pourrait être utile à l'accompagnement des pères dans l'appréhension de leur paternité et ainsi favoriser un équilibre familial en étant plus à même de soulager la mère dans les futurs troubles qu'elle peut ressentir.
« La paternité traditionnelle est dans l’impasse. La paternité moderne se cherche »
Christine Catelain-Meunier
Aujourd’hui plus que jamais, être parent représente un challenge quotidien. Deux parties doivent faire face à un véritable bouleversement d’habitudes. En plus d’appréhender une nouvelle vie à plusieurs, ils doivent aussi faire face à de nombreuses injonctions culturelles ou sociales (deuil d’une forme de vie à deux, vivre avec les conseils répétés (et parfois non demandés) de leurs proches ou des autorités compétentes et s’adapter à des situations inédites). Autant de changements auxquels peu de parents sont prêts et pouvant provoquer un ébranlement des valeurs et de nouvelles angoisses. Ce manque de préparation se constate par divers troubles qui apparaissent généralement quelques mois ou années après la naissance. Baby Blues, dépression post-partum, remise en question, doutes, crise identitaire, etc… Des désordres qui s’ajoutent aux perturbations déjà ressenties et à une adaptation nécessaire après l’arrivée d’un enfant.
Cette adaptation semble ne pas être perçu de la même façon vis-à-vis du second parent. Même s’il tend à être peu à peu désacraliser, l’instinct maternel prime encore. La mère possède cette image de seule responsable de bien-être et de santé de ses enfants et sera majoritairement sollicitée à leurs sujets. Mais quid des pères ? La plupart des études sur la parentalité sont réalisées via le prisme de la mère, laissant en suspend les ressentis du père. Lors d’une grossesse, la future mère est souvent le centre de l’attention, estimée comme la seule sujette aux inquiétudes face à l’arrivée du bébé et la seule pouvant assurer sa protection. Mais, le futur père, qui ressent les mêmes inquiétudes que sa partenaire, se retrouve confronté à un flot d’attentes, rôle à tenir, attitudes et façons de faire souvent héritées de sa propre éducation. Voilà pourquoi l’on assiste parfois à un paradoxe entre les émotions ressenties et ces attentes. Les conséquences pourraient alors être l’émergence de troubles.
Existe-t-il des moyens qui permettraient d’éviter l’apparition de tels troubles, ou au moins d’en réduire les effets ? En quoi le coaching, discipline favorisant les prises de conscience sur des potentiels et compétences, pourrait-il permettre, avant l’arrivée d’un nouveau-né, d’appréhender ce qu’est la paternité et la meilleure façon de la vivre ?
On en discute maintenant !
La parentalité et ses évolutions
Pour le dictionnaire Larousse, la parentalité est « la fonction de parent, notamment sur les plans juridiques, moral et socioculturel » 1. Difficile donc, sur la base de cette simple description, d’en comprendre le sens profond. Il est aussi possible de citer le Comité National du soutien à la parentalité pour qui « La parentalité désigne l’ensemble des façons d’être et de vivre le fait d’être parent. C’est un processus qui conjugue les différentes dimensions de la fonction parentale, matérielle, psychologique, morale, culturelle, sociale. Elle qualifie le lien entre un adulte et un enfant {…} dans le but d’assurer le soin, le développement et l’éducation de l’enfant. Cette relation adulte/enfant suppose un ensemble de fonctions, de droits et d’obligations {…} exercés dans l’intérêt supérieur de l’enfant en vertu d’un lien prévu par le droit ». 2
Initialement, le concept était évoqué comme parenté, notion qui regroupait les principes de lignages, mariage et héritage. A cette époque, la question de la responsabilité envers son enfant se joue avec le principe d’échange, au travers de mariages arrangés, de biens, d’échanges sexuels ou culturels. La loi sur la prohibition de l’inceste permet aussi une évolution de cette parenté, obligeant les individus à ne pas uniquement baser l’éducation sur un modèle de simple transmission génétique et d’héritage. Petit à petit, cette notion de parenté évolue et celle de puissance paternelle prédomine, jusqu'à la loi du 4 juin 1970 pour voir la notion de parenté et de puissance paternelle disparaître au profit de l’autorité parentale (laquelle promut une obligation légale envers l'enfant et implique la mère dans son éducation et sa protection).
Outre divers autres lois (sur la coparentalité par exemple, etc...) qui ne sont pas citées ici, il est intéressant de parler de la structure familiale prédominante de l’époque. La plupart des familles se composaient d’un homme et d’une femme avec des rôles ancrés dans les mœurs de chacun, la femme assurant l’éducation des enfants en assumant son rôle de mère au foyer et le père subvenant aux besoins des siens en travaillant à l’extérieur de sa maison. Fonder une famille est un objectif qui intervient comme l’étape suivante après le mariage. Ce modèle est devenu tellement dominant qu’il en est devenu naturel et a longtemps été présenté comme le seul véritable. Ici peut aussi se poser la question de l’influence de la religion catholique, dominante à l’époque et qui ne reconnaît la légitimité d’un nouveau-né que s’il est conçu après le mariage ou qui proscrit la contraception artificielle. 3 C’est aussi cette même absence de contraception qui voit la natalité augmenter, les individus n’ayant pas toujours le contrôle sur le fait d’avoir des enfants et se voient ce nouveau rôle imposé à eux. Enfin, l’on remarque que les modèles hérités à l’époque sont tels que la transmission au travers d’une lignée semble plus importante que la notion de couple, effaçant les sentiments amoureux au profit de l’organisation et de l’intérêt de la famille.
Les lois mentionnées plus tôt mettent l’accent sur la filiation comme obligation. La plupart des articles lus pour la rédaction de cet article mettent l’accent sur les couples hétérosexuels, laissant apparaître un constat assez clair sur les études de l’époque qui ne prenaient pas en compte l’évolution des familles et des ménages. De plus, la question peut se poser quant à savoir pourquoi décrire la parentalité et son histoire majoritairement au travers des lois adoptées et non pas grâce à des témoignages de parents. Ce choix a été fait car il semblait intéressant de montrer que ce sont les lois qui ont longtemps encadrées cette parentalité, parfois loin du ressenti des individus ou des rôles que peuvent tenir les personnes.
Au fur et à mesure des époques, la notion de parentalité a évolué pour sortir du rôle prépondérant du père et de l’obligation de mariage nécessaire à sa bonne application. Aujourd’hui, l’évolution de la famille, l’âge de procréer plus précoce, l’envie respectée des femmes qui ne veulent pas d’enfant, le pluri-amour, la contraception, le travail des femmes ou le choix d’individus de rester célibataire (entre autres) montrent bien que la parentalité est un phénomène pluridisciplinaire, sa définition se rapprochant ainsi de celle du Comité Nationale de soutien à la parentalité.
Être parent n’implique plus nécessairement un homme et une femme au sein d’un même foyer. Selon l’INSEE en 2020, 24,7% des familles sont monoparentales et 9% sont issus de familles recomposées.4
C’est le même institut qui en 2018, recensait environ 260 000 familles homoparentales. 5 Depuis la loi sur « Le Mariage pour Tous » en 2013, l’adoption par un couple de personnes de même sexe est autorisée. Au même titre, une personne célibataire (hétérosexuel ou homosexuel) peut choisir d’adopter un enfant. Notons aussi l’existence des familles d’accueil, qui cassent avec le schéma classique d’éducation connu depuis toujours et les nombreux débats sur la PMA encore existant à l’époque actuelle. Autant d’exemples qui montrent bien que la parentalité ne s’aborde plus sous les mêmes aspects que ceux connus de nos propres parents. A notre époque, on accorde autant d’importance à la filiation légitime que naturelle (loi de 1972), le nombre de naissance hors mariage augmente, l’âge avant la naissance d’un premier enfant aussi et les principes d’éducation d’une famille à une autre diffère, signe que les piliers éducatifs de l’époque sont révolus et en constante évolution pour y intégrer plus de principes.
Au-delà de la structure familiale qui a changé, les évolutions culturelles, médicales et légales sont aussi à prendre en compte car elles permettent de choisir ou non d’avoir un enfant et à quel moment. La démocratisation des moyens de contraceptions, tout comme la légalisation de l’avortement (1975) inclut la notion de choix à la parentalité et permet aux couples de contrôler le nombre de naissance désirée dans leur foyer ou encore l’âge auquel ils souhaitent accéder à la parentalité. Les êtres humains d’aujourd’hui, hommes comme femmes, refusent de suivre les modèles définis et prédominants de l’époque. En témoigne ce chiffre : 48% des pères souhaitent donner une éducation à leurs enfants complètement différentes, presque à l’opposé de celle qu’ils ont reçu6. L’on peut intégrer dans la notion de parentalité est la relation de couple et les sentiments amoureux. L’enfant seul n’est plus le centre d’intérêt dans la parentalité mais presque une issue ; pour que l’enfant aille bien et que son éducation se déroule de la meilleure façon qui soit, ses parents doivent pouvoir pleinement s’épanouir. On quitte alors les normes parentales pour tendre vers une alliance avec les normes conjugales.
Enfin de nos jours, la notion de parentalité est étroitement liée à l’équilibre vie privée et vie professionnelle. L’investissement familial et professionnel ne sont pas incompatibles. Notons aussi l’une des différences majeures avec la perception de l’époque au sein du cadre professionnelle : la femme travaille plus facilement, tout autant qu’un homme et n’est plus cantonnée au rôle de femme au foyer. D’ailleurs, il faut noter que ce rôle de « parent au foyer » se partage aussi désormais avec le père dont le nombre augmente ces dernières années.7
Tous ces changements ont ainsi obligé les parents à s’adapter et à ne plus suivre les idées préconçues qu’ils ont connus avec leurs propres parents. Ils font leur propre choix, en fonction de leurs besoins et leurs valeurs et plus par respect pour une lignée déjà prédéfinie. Le mariage n’est plus le point névralgique de ce qui fait la parentalité, tout comme la lignée et la filiation directe, qui ont laissé place à la complémentarité de diverses sphères (culturelles amoureuse, professionnelle, etc…). La parentalité n’est plus simplement « la fonction de parent » mais englobe aussi les besoins de ceux qui la font, lesquels diffèrent des générations précédentes.
Longtemps donc l’image de la parentalité et de la famille a prédominée sur le reste. Une famille unie au travers d’un couple tout aussi uni a représenté un but à atteindre, synonyme de bonheur. Les normes conjugales ou individuelles se sont effacées au profit des normes parentales, permettant, au travers du mariage et de la conception d’enfants, de trouver un statut social. De nos jours, la tendance semble s’être inversée. L’ère est à la complémentarité entre ces valeurs individuelles ou de couples et ces valeurs parentales. L’un ne s’efface plus au détriment de l’autre. Chaque individu au sein d’un foyer souhaite pouvoir assouvir ses besoins, s’octroyer des moments et ne plus être à 100% au service de ses enfants. Il est pourtant difficile « d’articuler les exigences de vivre ensemble et celles inhérentes au souci de réalisation de soi »8.
Bien que la première partie de cet article semble parler d’une époque révolue et lointaine, en réalité il n’en est rien. La loi qui définit l’autorité parentale ne date que de 1970, soit une période encore connue par certains de nos parents ou grands- parents, parfois modèles et piliers de notre construction. Nombreuses sont donc les personnes qui ne souhaitent pas simplement être « parents » mais aussi personne en tant que telle et qui se retrouvent donc bercées entre l’envie d’évoluer et les traditions persistances. Un décalage qui peut remettre en cause certaines valeurs et croyances des personnes et les empêcher de se positionner dans le rôle souhaité.
Enfin, reste la prépondérance des images, clichés ou façon de faire qui ne prennent pas en compte les évolutions familiales connues ou les désirs des parents. Les publicités, médias, affiches, photos officielles représentent souvent des couples ou familles normalisées du passé (une nuance est à apporter ici, de réels changements apportant plus de diversités semblant de plus en plus s’opérer). Outre ces images, cette prédominance semble aussi exister au sein de toutes les institutions que nous connaissons, éducatives comme professionnelles. « La norme des institutions éducatives en France s’appuie plus ou moins explicitement sur une représentation de la famille occidentale, issue de la classe moyenne, composée d’un couple parental, hétérosexuel. Et la norme théorique conjointe qui façonne les pratiques professionnelles est le primat de la théorie de l’attachement maternel. Le lien mère-enfant y est primordial pour le bon développement de l’enfant (Bowlby, 1951 ; Winnicott, 1975). Il entraîne une assignation des rôles parentaux, survalorise le rôle maternel, sous-estime le rôle paternel. Ces allants-de-soi, ces stéréotypes sociaux, demandent à être lâchés pour pouvoir s’ouvrir sur une réelle prise en compte de la diversité. » 9
Comment donc réussir à trouver une place épanouissante au sein d’une structure familiale et parmi des rôles imposés ? Difficile d’allier cette volonté individuelle à son rôle de parent lorsque, malgré les évolutions logiques rencontrées au fil des ans, l’image et parfois même les valeurs affichées sont celles du passé.10
En résumé :
« En naissant, un enfant transforme deux adultes en parents. On peut dire ainsi que c’est l’enfant qui fait les parents. »
Françoise Dolto
La parentalité d'aujourd'hui ne ressemble en rien à ce qu'elle était hier encore ! Elle doit désormais faire face à l'évolution des couples et des familles et elle prend en compte les besoins de chacun ! Pour autant, les différentes injonctions encore ressenties et subies, même inconscientes, peuvent générer un paradoxe entre les envies réelles et les attentes que l'on rencontre. Et si réussir à prévenir les troubles qui peuvent en ressortir grâce au coaching, permettait d'en atténuer les effets et de s'assurer un meilleur équilibre familial ? Et si, pour aller encore plus loin, il pouvait être intéressant de questionner les troubles ressentis par le père, moins étudiés que ceux ressentis par la mère, toujours dans l'optique de les atténuer et de redonner à chacun la place souhaitée pour mieux vivre sa parentalité ? Voilà le thème qui sera abordé la semaine prochaine dans un prochain article...
Liens utiles pour aller encore plus loin :
1. https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/parentalité/58145
2. https://www.reseau-parents-aveyron.fr/vie-du-reseau/la-parentalite-de-quoi-parle-t-on/
3. https://afhrc.hypotheses.org/4561
4. https://www.insee.fr/fr/statistiques/5422681#figure1_radio1
5. https://www.parents.fr/envie-de-bebe/pma/homoparentalite-adoption-pma-gpa-ce-que-dit-la-loi-334629
6. https://www.enfant.com/bien-etre/couple-famille/etre-papa-au-xxi-e-siecle-14197
7. https://www.linternaute.com/lifestyle/mode-de-vie/1155641-etre-un-homme-au-foyer/1155644-quelques-
8. MARQUET, J. (2005)
9. https://www.cairn.info/pour-un-accueil-de-qualite-de-la-petite-enfance–9782749210452-page-365.htm
10. https://www.gpma-asso.fr/evolution-de-la-parentalite-les-chiffres/
Spoilers sur les prochains posts :
Dans les prochain posts du blog, on parlera, entre autres choses, de thérapie EMDR, l'importance de la certification du coach, revue de presse/déclarations de certains, bons plans coaching, outils du coach, parentalité, paternité, burn out, bilan de compétences, vie...
Et bien d'autres choses !
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