Dans cette deuxième partie de l'article, nous nous penchons avec un peu plus de précision sur le rôle du père et son image, en parallèle de celle à la parentalité...
Image et rôle du père...
A ce stade et après le petit récapitulatif sur les évolutions de la parentalité, il est important de préciser que le choix a été fait de se concentrer sur le « père » au sein de la structure familiale et d’aborder son rôle avant l’arrivée d’un nouveau-né. Or, il serait paradoxal de nier ce qui a été évoqué plus tôt en ce qui concerne les changements familiaux rencontrés de nos jours : un rôle de père qui peut aujourd’hui être associé à un rôle d’accompagnant, de tuteur ou mentor, pouvant tout à fait être tenu par une femme dans le cas d’un couple homosexuel par exemple ou par un beau-parent dans le cas d’une famille recomposée. Mais ce qui était ici intéressant, c’était la prévention des divers troubles qui peuvent intervenir avant la naissance de l’enfant et comment les diverses injonctions et images pouvaient les générer.
C'est quoi être père ?
Trouver une définition scientifique à ce qu’est être père n’est pas simple. Pour le dictionnaire Larousse un père est un « homme qui a engendré ou qui a adopté un ou plusieurs enfants » ou « homme qui agit en père » 14, cette dernière laissant déjà sous-entendre qu’être père serait jouer un rôle, sans pour autant en développer les fonctions. Comme expliqué précédemment, le père au sein de la structure familiale est passé de chef incontesté et décisionnaire à un rôle et des responsabilités équitablement partagées avec sa compagne.
Et si, la meilleure définition que l’on pouvait donner au terme « père » était donnée par des pères eux-mêmes : « Être père, c’est donner autant d’amour que possible à ses enfants, afin de faire grandir la confiance en soi de chacun d’entre eux. Être père, c’est savoir les écouter {…}. Être père, c’est également donner l’exemple {…} préciser les règles de vie et montrer les différentes voies possibles du bonheur, en s’efforçant de l’illustrer à la maison aussi souvent que possible. {…} C’est essayé d’épargner à mes enfants certains pièges dans lesquels je suis tombé à leur âge. C’est s’efforcer d’inculquer à ses enfants les valeurs qui semblent primordiales pour s’épanouir dans la vie {…} dans la plus grande complicité possible avec son épouse, afin de proposer une cohérence de couple à ses enfants et être avec le temps d’autant plus crédible lorsque nous parvenons à préserver une certaine harmonie familiale, fondée notamment sur des valeurs communes. Être père, c’est parfois galère, mais c’est avant toute chose un immense bonheur ! » 15
Le peu d’étude qui vienne appuyer ses propos traduisent surtout que peu de pères parlent de leur vision des choses et de la façon dont ils se perçoivent ou de la place qu’ils prennent. On sait globalement que cette place et ces rôles attribués aux pères dépendent de facteurs politiques, sociaux, culturels et économiques. « Dans les années 1980, les pères se sont vus octroyés un nouveau-rôle : celui d’être « paternant ». Ainsi, des « nouveaux pères » apparaissent affectueux, prodiguant des soins, participant à l’éducation de leur enfant et présents auprès de leur compagne » 16
Arnaud Marine, dans une étude réalisée en 201817 et après avoir interrogé plusieurs pères, note aussi que l’apparition du sentiment de devenir père n’intervient pas à la même période pour tous les individus.
Au final, il est aujourd’hui possible de résumer la définition qu’on accorde à ce terme de père en précisant qu’il existerait trois types de père :
– Le papa poule qui adopte des comportements relevant traditionnellement de la mère : donner le biberon, le bain, changer la couche, câliner…
– Le père libéré qui recherche avant tout dans la parentalité son propre accomplissement individuel.
– Le père présent : investi, disponible, participant, consistant, responsable. 18
L’idée principale à retenir ici est que l’on ne naît pas père mais que l’on se sent investi de ce rôle au fur et à mesure des étapes liées à l’arrivée d’un enfant. Il est important, voire nécessaire, d’allouer une place aux sentiments, émotions et ressentis dans la définition de ce qu’est « être un père aujourd’hui ».
Si avant l’arrivée d’un nouveau-né (ou même après) les questions sont multiples chez la femme, elles restent équivalentes au nombre de questions que se pose un homme dans son rôle de père. « Serai-je un bon père ? », « Mon bébé sera-t-il en bonne santé ? », « Comment vais-je gérer mon couple, ma vie de famille, mon travail ? », « Qu’est-ce que je vais faire pendant l’accouchement ? » … Rajoutant du stress à un terrain déjà fragilisé.
Il est intéressant de noter que les angoisses ressenties par les pères interviennent généralement lors de tous les processus d’une naissance : grossesse (restant abstraite pour les hommes), accouchement (moment anxiogène pour les pères durant lequel ils restent témoins avec peu de participations possibles), retour à domicile, les soins. 19
En 2019, on estimait que 4 à 16% des pères étaient touchés par un trouble anxieux durant la grossesse de leur partenaire et 2 à 18% après la naissance. On estime aussi que 10 à 14% des pères étaient touchés par une dépression pendant la grossesse. 20 Enfin « Plus d’1 parent sur 2 se considère plus stressé que ses parents à l’époque (53%). De même, 39% des parents estiment qu’il est plus difficile aujourd’hui qu’à l’époque de leurs parents de trouver un équilibre entre vie professionnelle et vie familiale ». 21
Comment faire pour réussir sa paternité, alors même qu’on ignore comment faire ? Si une mère semble savoir instinctivement comment réagir face à un nouveau-né et supporte la souffrance de l’accouchement, comment un père peut-il se permettre de ne pas être présent et réussir, lui qui est plus passif dans les premières phases de la naissance ?22 Cette phrase volontairement provocatrice regroupe de nombreux clichés auxquels le père croit et lui laisse entendre qu’il ne serait pas à la hauteur. Ces craintes seraient majoritairement dû à un rôle de l’entourage et à l’influence que ce dernier aurait, même inconsciemment, sur le père. Des problèmes de communication ou de préparation dans le couple, liés à une hypersensibilité chez la mère suite à la naissance et un lien naturel avec bébé23 peuvent générer un manque de confiance suite aux hésitations du père (dans les soins apportés à bébé par exemple), l’impression (à tort) d’être jugé, trop guidé ou rabaissé face à l’apprentissage d’une façon de faire ou un besoin d’approbation constant des professionnels. Il faut ajouter à cela certaines remarques, conseils parfois non désirés de l’entourage et de la famille proche, qui questionne encore plus le père sur son rôle et sur sa façon de faire.
Juste après la naissance, pères et mères se voient ébranler dans de nombreuses convictions et bouleversés dans leurs quotidiens. Au-delà du rôle de l’entourage qui peut parfois être source d’angoisse, il convient d’y rajouter des éléments. Nombreux sont les pères qui se comparent dans leur façon de faire à leur propre parent avec la volonté de faire différemment, quitte à questionner ce qui fait le fondement de leur identité. Il faut ajouter à cela le fait que le père soit tout autant sujet que la mère à ce lien unique qui le lie à bébé et qui fragilise son assurance et son identité personnelle ; à cela près que le père l’exprime moins.24
Manque de communication, place à trouver et perte de repères, bouleversements identitaires et manque de confiance en soi ; voilà certaines problématiques que peuvent rencontrer les futurs pères, avant même la naissance de leur enfant. Il semble important de rajouter à cela la pression sociétale que le père peut ressentir. A une époque où l’on demande aux pères de s’impliquer plus encore dans la parentalité ou de s’éloigner des images de la paternité du passé, de nombreuses entreprises acceptent difficilement les demandes de leurs employés dès qu’elles touchent à la famille, comme le congés paternité par exemple. Cela signifie que l’on n’accorderait pas complètement aux pères leur place réelle, tout en les invitant à profiter des solutions qui leur sont offertes pour tirer avantage de leur famille. Il est aussi ici possible de parler du congés paternité, passé de 11 à 25 jours depuis le 01 juillet 2021 et qui est à prendre selon de nombreuses conditions et dans des délais impartis25, empêchant en quelque sorte le père de s’accomplir tout autant que la mère. Le nouveau père peut donc se sentir comme contraint de devoir choisir entre sa famille et tous les à-côtés nécessaires, comme s’il devait choisir quelle priorité avoir. On peut aussi rajouter à cela la crainte de la perte du couple, l’éloignement où là encore, les normes parentales prendraient le dessus sur les normes individuelles et sentimentales et empêcheraient les parents de s’épanouir amoureusement au profit de l’éducation de l’enfant.
Aujourd’hui encore, les pères souffrent de l’héritage patriarcal dont ils ont hérité et qu’il est difficile de faire oublier. Ils restent aussi, dans l’imaginaire de beaucoup, un personnage de second plan dans l’éducation d’un enfant, négligeant le lien qui existe entre un père et son enfant et valorisant celui entre la mère et son nouveau-né. Pourtant, l’évolution de la paternité est constante et les pères d’aujourd’hui s’affichent comme des personnes assumant équitablement leurs responsabilités auprès de leur compagne et soucieux de transmettre des valeurs et modèles sains à leurs enfants.
Les divers paradoxes entre ce qui est proposé et la façon dont les choses sont évaluées par autrui montrent bien que l’image du père telle qu’elle était présentée il y a plusieurs années est encore bien présente dans les mémoires collectives et fondent en quelque sorte la façon dont on perçoit ce que devrait faire les pères.
Tous les pères ne ressentent pas les inquiétudes évoquées. La société parfois culpabilisante envers les pères, l’image et le rôle qu’il est obligé de tenir mais qui ne correspond pas toujours à ce qu’il souhaiterait, les changements identitaires dus au lien qui se crée avec son enfant, trouble de la confiance en soi… Autant d’éléments qui participent à la montée d’angoisse, de stress, de fatigue et d’autres symptômes qui peuvent déclencher, à terme, des pathologies nécessitant une thérapie.
La question se pose toutefois de savoir si les mêmes problématiques ressenties et rencontrées par le père apparaîtraient s’il parvenait à les prévenir en amont, et s’il réussissait par exemple, à trouver sa place et à comprendre qui il est et sera en tant que père.
L'accompagnement du père...
« La difficulté de la parentalité contemporaine tient
notamment au fait qu’il faut improviser »
Christine Castelain-Meunier
Coaching et Thérapie ont toujours été complémentaire. Là où le second va se pencher vers des traumas passés, le premier se concentre sur le « Ici, Maintenant et Demain » et sur la façon qu’a l’individu de s’épanouir en assumant ses choix. Ce qui nous intéresse ici, c’est bien un travail d’anticipation pour tenter d’atténuer certains problèmes et ressentis qui peuvent toucher les pères. « « Comment être parent ? » se double d’une autre, devenue essentielle dans notre société de performance : « Comment être un bon parent ? ». Les parents culpabilisent de ne pas faire tout ce qu’il faut pour l’épanouissement de leur enfant, qui semble la clé de voûte d’une éducation réussie. Ils sentent aussi qu’il faut l’armer, pour affronter une société qui s’est durcie. Désormais, il y a urgence à être soi, en mieux et en plus efficace. Face à cette pression, la tentation est forte de s’adresser à ceux qui savent : les experts, les psys, mais aussi les coachs. » 26 Cette citation d’Anne Lamy reprend plusieurs problématiques que peuvent rencontrer les pères et nous permet de dire que le coaching semble être un accompagnement tout à fait approprié pour permettre à un futur père d’atteindre ses objectifs.
Peut-on vraiment envisager la possibilité d’accompagner des pères dans leur préparation à la naissance ? Sachant que tous les pères ne sont pas nécessairement touchés par ces inquiétudes et questionnements qui peuvent les perturber, il serait possible de simplement attendre et de laisser intervenir les thérapeutes ou médecins. Mais on sait aujourd’hui qu’un trouble tel que la dépression Post Partum toucherait presque autant les pères (10%) que les mères (10 à 15%)27. Il existe aussi de nombreuses échelles d’évaluation pour mesurer la gravité de ce trouble (EPDS, Gotland Male Depression Scale, etc…) afin de définir le niveau de « souffrance » du patient (ces échelles ne seront pas plus développées ici puisqu’elles entrent directement dans le champ de la psychologie). Au-delà de la psychologie, il est intéressant de se questionner s’il ne serait pas utile d’accompagner les pères avant la naissance dans le but, par exemple, de ne pas laisser survenir les problèmes.
Comme vu dans la première partie de cet article, les questionnements, incertitudes et inquiétudes du père sont souvent passées sous silence, soit pour coller à une image d’homme viril encore partiellement imposée par la société ou par peur d’être jugé. La qualité de la relation naturelle qu’un futur père va entretenir avec son coach est donc primordiale pour qu’il réussisse à se confier le plus naturellement possible, sans craindre quoi que ce soit.
En résumé...
Dans de nombreux foyers aujourd'hui, l'image du père telle qu'on la connaît a évolué. Un père n'est plus simplement un simple chef de famille censé assurer la sérénité financière de son foyer, mais bel et bien une personne à part entière, qui accepte l'étendu de son rôle et l'assume pleinement. Or, assumer pleinement ce rôle peut sembler complexe tant il a à faire à de nombreuses injonctions, qu'elles soient sociétales, familiales ou personnelles. Remettre en cause un schéma de vie établi, des façons de faire ou faire taire les paroles des autres qui jouent sur le moral est une chose complexe.
Dans le prochain et dernier article sur ce sujet, des outils concrets de gestion du stress, d'acceptation du changement et d'équilibre des domaines de vie vous seront présentés...
Liens utiles pour aller encore plus loin :
1. https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/père/59470
2. https://lepetitjournal.com/varsovie/communaute/quest-ce-quetre-un-pere-la-parole-aux-papas-de-la- communaute-259209
3. ARNAUD, M. (2018)
4. ARNAUD, M. (2018)
5. LE CAMUS, J. (2005)
6. ARNAUD, M. (2018)
7. BALDWIN, S. (2019)
8. https://www.ipsos.com/fr-fr/evolution-de-la-parentalite-vers-une-quete-dideal
9. VASCONCELLOS, D. (2003)
10. WINNICOTT, D.W. (1956)
11. KORFF-SAUSSE, S. (2009)
12. https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F3156
13. LAMY, A. (2011)
14. NANZER, N. (2002)
Spoilers sur les prochains posts :
Dans les prochain posts du blog, on parlera, entre autres choses, de thérapie EMDR, l'importance de la certification du coach, revue de presse/déclarations de certains, bons plans coaching, outils du coach, parentalité, paternité, burn out, bilan de compétences, vie...
Et bien d'autres choses !
Ajouter un commentaire
Commentaires